Le pont de Brouilla, fin : 1890- 1900

Dix chemins doivent être aménagés pour permettre aux communes avoisinantes de profiter de la construction du pont de Brouilla. La dépense qui se chiffre à 46 500 francs sera financée à hauteur des 2/3 par les communes. Les conseils municipaux de Saint Jean-Laseille, Brouilla, et Villemolaque ont voté la demande de classement de leur chemin.

Les événements dramatiques du 1 mai 1891 dans la commune de Fourmies sont à la une de tous les journaux. Les faits : un peu plus d’une centaine de manifestants s’étaient réunis sur la place du village pour réclamer la journée de 8 heures, face à eux, 300 soldats équipés du nouveau fusil Lebel. Neuf morts, dont 2 enfants de 11 et 12 ans, trente-cinq blessés en quarante-cinq secondes. Le nombre des morts aurait été bien plus élevé sans l’intervention héroïque du curé de la paroisse l’abbé Margerin qui s’est interposé durant la fusillade. Pour la première fois, les trois sommations réglementaires n’ont pas été respectées, le commandant Chapus a bien fait tirer en l’air, mais une seule fois, dans la confusion générale son ordre « feu ! Feu rapide ! Tirez sur le porte-drapeau » a été respecté, une enquête est ouverte.

Le 8, Georges Clemenceau prononce un discours à la Chambre où il rend hommage aux victimes  et évoque la révolution à venir : “ c’est le Quatrième État qui s’est levé »

Octobre et ses violentes pluies, entre le 24 et 25 octobre, emportent le chemin situé entre le ravin de Millery et l’origine des levées du pont de la Basse à Brouilla. Le 18 janvier, une nouvelle crue du Tech emporte le pont.
Malheureusement, ce n’est pas fini, quelques mois plus tard dans la nuit du 10 au 11 novembre 1892, c’est tout le département qui est dramatiquement touché. Tous les cours d’eau ont débordé. La plaine de la Salanque est inondée, le train de Perpignan à Prades bloqué. On déplore plusieurs victimes dont le jeune Jean Cadéne habitant de Castel-Roussillon qui s’est noyé sous les yeux de ses parents. Deux jeunes gens ont été emportés au pont de Saint-Laurent. À Perpignan 39 maisons sont écroulées. L’eau a atteint 4m20 au pont de Millas, de mémoire d’homme, on n’a jamais vu pareille inondation de l’Agly. Plusieurs ponts sont écroulés, les routes impraticables, il faudra plusieurs mois voire plusieurs années pour remettre en état l’ensemble de la voirie.
En avril 1893, le Conseil général vote le déblocage des fonds nécessaires pour la réparation des dégâts. Une première estimation chiffre à 545 300 francs la remise en état des chemins.

L’état a décidé de voter une subvention exceptionnelle de 303 000 francs, malheureusement cette somme ne tient pas compte des frais de reconstruction des ponts détruits. Nous en citerons quelques-uns comme celui de Claira dont les travaux s’élèvent à 80 000 francs, de Caramany dont la reconstruction coûtera environ 75 000 francs, de Rodes, Finestret, Feillans, Pezilla, et de bien d’autres. Le Conseil général obtient l’autorisation de contracter un emprunt de 305 600 francs.
Courant 1894 Jules Pams représentant la commune d’Argelès au sein du conseil, propose d’adresser au ministre de l’Intérieur un nouveau tableau de financement pour le pont de Brouilla. Il faudra encore attendre août 1895 pour que le financement soit bouclé, l’état acceptant de prendre en charge 46.35 % de la dépense. Début 1896 l’enquête publique est rondement menée, aucune opposition n’est soulevée, enfin le 9 mars la bonne nouvelle tombe, le Ministre alloue à titre exceptionnel une subvention pour permettre le lancement des travaux. Dans la foulée, le conseil contracte un emprunt de 215 000 francs sur 30 ans auprès de la Caisse Nationale des retraites.
1897 les entreprises Richard et Varigard ont terminé les fondations du pont, la dépense totale s’élève à 96 250.56 francs. Les travaux de maçonnerie sont adjugés.
Encore un rebondissement les travaux sur le pont sont suspendus ! Dans le cahier des charges, l’entreprise de maçonnerie avait l’obligation de se fournir en pierres aux carrières de Saint-Laurent de Cerdans et de Corsavy. Lors d’une inspection, il a été constaté que les pierres de taille venaient d’Espagne, le chantier a donc été arrêté le temps qu’une nouvelle entreprise soit trouvée.
L’entreprise pour la réalisation du tablier métallique a été choisie, c’est la société Gemy Cadet de Marseille qui se chargera de l’ouvrage.
Les travaux reprennent, mais en octobre une crue occasionne des avaries qui s’aggravent avant d’avoir été réparées par la crue du 11 au 19 janvier 1899. Le quart du cône amont de la rive droite est détruit, heureusement les dégâts sont vite réparés, le tablier métallique a pu être livré et les ouvriers ont commencé l’assemblage. Le pont devrait être livré à la fin de l’année.

Le tablier métallique a bien supporté les épreuves, début 1900 le pont tant désiré est enfin livré à la circulation.

La prochaine fois que vous circulerez sur ce pont, vous penserez à tous ceux qui en ont rêvé et à tous ceux qui l’ont vu se réaliser. Décidé sous le règne de Louis Philippe en 1841, il sera inauguré presque 60 ans plus tard sous la présidence d’Emile Loubet.
Une dernière danse fait fureur elle aussi à cette époque, elle nous vient de l’autre côté de la Manche avec nos amis écossais, nous allons découvrir la « scottish »

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