Suite à son acquittement par la Cour d’Assise le 1 février 1929, l’ancien Maire de la commune de Rivesaltes Joseph Biboulet croyait en avoir fini avec la justice.
Nouveau rebondissement, la Cour des Comptes condamne le Maire, son adjoint, son secrétaire, un employé aux écritures et le surveillant de travaux de voirie pour avoir détourné au moyen de mandats appuyés de mémoires fictifs ou faussement majorés les deniers communaux.
Les dessous de l’affaire.
Deuxième agglomération des Pyrénées Orientales avec 5703 habitants, Rivesaltes « la forteresse rouge » est alors la seule commune communiste du département. C’est une cité de la viticulture avec 5068 hectares de vignobles répartis entre 1091 propriétaires. 65% d’entre eux sont ouvriers par ailleurs et se louent à la journée sur d’autre exploitation.
En janvier 1928, les ouvriers agricoles de Rivesaltes se mettent en grève afin d’obtenir le paiement de leur journée de travail en cas de mauvais temps. Le bras de fer avec les gros propriétaires va durer plusieurs mois. Le 11 février 1928 Rivesaltes est occupée par les grévistes, le préfet envoie 90 gendarmes dont 30 à cheval. Les ouvriers se couchent sur la chaussée pour empêcher les gendarmes d’avancer, ils seront appréhendés et lourdement condamnés. La taille de la vigne doit se faire en mars, mais les grévistes tiennent bon, les propriétaires font alors appel à de la main d’oeuvre étrangère.
D’autres communes rejoignent le mouvement, et la grève devient générale. Après plusieurs mois de lutte, les ouvriers obtiendront enfin une augmentation. Le 7 juillet 1929 le Préfet clôturera le dossier.
Le maire de Rivesaltes en poste à l’époque des grèves, est un petit propriétaire terrien. Pendant toute la durée du mouvement social, il vient en aide aux travailleurs sans ressources, distribuant des secours permettant aux plus démunis de survivre. La Préfecture sous la pression des gros viticulteurs réduira au strict minimum les dotations de l’Etat en ne versant que les salaires des fonctionnaires.
Plusieurs scandales éclateront tout au long de cette année 1927, et le 26 octobre 1927, Joseph Riboulet qui a gardé l’estime de sa population est contraint à la démission. Il sera accusé d’avoir reçu et encaissé cinq versements pour un montant total de 1849.25 francs, somme qui aurait dû être remise directement au comptable du Trésor. Quant à son adjoint, il est accusé d’avoir réglé des travaux de voirie en donnant une description inexacte des opérations. Le Maire, son adjoint et l’ensemble des prévenus, d’avoir versé à Monsieur Antoine Abribat un salaire bien supérieur à celui inscrit sur les registres.
Pour tous ces motifs la Cour des Comptes demande que la commune soit remboursée.
extrait sur Gallica.bnf.fr
En chanson avec Michel Sardou nous pouvons reprendre ce refrain « selon que vous serez puissants ou misérables, etc, etc… »