Entretien avec Pierre Fontana

Durant de nombreuses années, cet ancien manager régional d’un grand constructeur automobile fit plusieurs escales dans la région. Attiré par l’environnement et l’agréable compromis « entre mer et montagnes » d’un petit « carrefour des Albères » à taille humaine, il décida, après un achat réalisé en 2006, de poser définitivement ses valises à Saint-Genis des Fontaines.

Le Blog. Pierre Fontana, pouvez-vous nous expliquer ce qu’est l’ADREP ?

Pierre F.  L’ADREP a été créée en juin 2009 suite à un projet d’urbanisation totalement démesuré lancé par notre maire. C’est une Association pour la Défense de la Ruralité, de l’Environnement et du Patrimoine de Saint-Genis des Fontaines.
Elle s’est constituée pour protéger tout simplement les intérêts des Saint-Genisiens, préserver la ruralité, l’environnement et notre patrimoine, le tout dans un développement concerté et maîtrisé de la commune.

Président de l'ADREP
Président de l’ADREP

Le Blog. Vous voulez sûrement parler de la fameuse ZAC qui devait voir le jour à l’Est du village, alors que le maire avait promis lors de sa campagne de 2008 un agrandissement par l’Ouest, seule possibilité au vu des limites à respecter avec les communes riveraines.

Pierre F. Oui, un projet qui, compte tenu de la surface constructible, prévoyait une augmentation de la population de Saint-Genis des Fontaines d’au moins 600 habitants d’un seul coup !

Le Blog. C’est donc la raison qui vous a poussé à créer cette association ?

Pierre F. Non, je n’ai pas créé personnellement l’association. Elle a été créée par un groupe de villageois inquiet de la tournure des événements. Je n’ai fait qu’accéder à leur demande d’en prendre la présidence.

Le Blog. Certaines personnes disent que vous avez pris la présidence de cette association parce que la future ZAC était en bordure de votre terrain. Est-ce exact ?

Pierre F. Quelque part, oui. Je me suis senti tout de suite concerné. Mais c’est surtout le nombre grandissant de personnes qui s’interrogeaient, à juste titre, qui m’a décidé… La pétition lancée ensuite par l’ADREP a récolté plus de cinq cents signatures… Je ne pouvais pas, ne rien faire ! Mais ce n’est pas du fait que ce terrain jouxtant le mien devienne constructible. Le village doit et va se développer, c’est tout à fait dans l’ordre des choses. C’est plutôt la façon dont le maire s’y est pris pour faire passer en silence un projet incohérent et inadapté pour le village.

Le Blog.  Qu’entendez-vous par là ?

Pierre F. Nous avons appris, tout à fait par hasard, le lancement de ce projet. Alors comme le maire s’était fait élire avec la promesse de transparence et de consultation de la population, avec deux personnes de l’association nous avons pris rendez-vous avec lui.
Le Blog. Je suppose qu’il vous a reçus. Comment s’est déroulée l’entrevue ?

Pierre F. Elle a très vite tourné court. À l’écoute de nos questions concernant cette ZAC et de nos inquiétudes, il a rétorqué que cette zone allait se construire, que c’était d’après lui bon pour le village, qu’il n’y avait pas à contester ses projets et qu’un cahier de concertation avait été mis à la disposition des habitants. Aucune information ne signalait la présence de ce cahier en mairie, celui-ci est resté vierge de toute remarque, personne n’en connaissant l’existence. J’ai tout de suite compris que cette décision d’urbanisation était unilatérale. Toutes ses belles promesses de campagne se sont alors envolées et le vrai visage d’un maire autocrate, prêt à tout pour que la moindre de ses envies voit le jour, sans en référer à ses administrés, s’est alors dévoilé.

Le Blog. Vous en êtes resté donc là ?

Pierre F. Nous avons essayé de lui faire comprendre que nous n’étions pas contre un projet de lotissement, mais pas de cette envergure. Pas sans avoir au préalable envisagé les infrastructures nécessaires au développement du village : nouvelles classes d’école, cantine, mise aux normes des bâtiments administratifs, et engagé une concertation avec les habitants… Il n’a rien voulu entendre. C’était sa décision. Il n’y avait pour lui, rien à faire. Le village devait s’agrandir de cette façon et par l’Est !

… Il y a pourtant des exemples : d’autres lotissements se sont construits dans le village sans que l’ADREP ne s’y soit opposée.

Le Blog. Curieux ! Pourquoi ce revirement, quelques années plus tard ? Sûrement, d’autres intérêts.

Pierre F. Sûrement, oui.

Le Blog. Vous avez donc été devant la justice ?

Pierre F. Oui. Et elle nous a donné raison en déboutant l’ensemble de ses demandes. Cette ZAC a été annulée en première instance et en appel. Le manque de concertation avec la population a été prépondérant dans ce procès.

Le Blog. Cela ne lui a pas fait changer ses habitudes. (rires) 

… On ne se trompe pas en disant que l’ADREP, qu’il se refuse à reconnaître, a été déclarée association locale d’usagers et agréée par la Préfecture.

Pierre F. Monsieur le Préfet nous a notifié par courrier l’agrément d’associations locales d’usagers.

Le Blog. Vous devez donc être consulté sur tous projets urbains, je me trompe ?

Pierre F. Il devrait en effet nous consulter pour tous les projets urbains. Comme nous le lui avons demandé plusieurs fois par écrit. Mais comme il nous l’a souvent fait remarquer, la loi, c’est lui et il se moque de l’agrément. Il se moque donc de la préfecture et de toutes les instances collectives.

Le Blog. Quelles ont été vos actions depuis cette histoire de la ZAC ?

Pierre F. Que ce soit à la demande de particuliers ou simplement pour vérification, nous avons eu plusieurs dossiers en main :

  • Suite au stockage de déchets organiques polluants sur notre territoire, nous nous sommes assurés de la qualité de l’eau de consommation et de la non-pollution des points de captage. Malgré le fait qu’elle ait été informée, la mairie n’a jamais bougé le petit doigt.
  • Nous avons ensuite soulevé le problème de la décharge située au sud du village. Il y avait de nombreuses allées et venues de camions alors qu’elle devait être fermée depuis plusieurs années. Cette zone est aujourd’hui réhabilitée par la Communauté de Communes.
  • Nous suivons un habitant qui se bat depuis plus de six ans pour un problème de pollution de l’eau de puisage dans son jardin. Nous sommes en droit de penser à une atteinte de la nappe phréatique. La mairie s’est toujours soustraite à ce problème écologique et social sans jamais répondre… Et les exemples sont nombreux.

Le Blog. Oui, nous ne sommes pas sans savoir que vous avez suivi le dossier des antennes de téléphonie mobile implantées sur le château d’eau.

Pierre F. Nous sommes toujours vigilants quand il s’agit du bien être des habitants. Nous nous sommes battus pour que le bail de 9 ans soit transformé en bail annuel et que soit envisagé le déplacement des antennes. C’était en 2011. Si nous pouvons nous réjouir de l’aboutissement de notre première demande, il reste encore à faire pour la seconde.

Le Blog. Quel est aujourd’hui votre regret ?

Pierre F. Sans hésiter, celui de ne pas avoir pu faire en sorte que la salle polyvalente soit implantée à côté des infrastructures sportives déjà existantes et non, en ville, sur un terrain que les Bâtiments de France avaient jugé inconstructible, dans le champ visuel, depuis la RD 618, de notre clocher et de son patrimoine avec son linteau bientôt millénaire.

Le Blog. Comment voyez-vous l’avenir de notre village ?

Pierre F. Tout d’abord, nous resterons vigilants sur tous les projets d’urbanisme, sur le bien-fondé de tous projets de développement. Qu’ils soient cohérents et concertés. Je pense plus particulièrement à la « nouvelle centralité », au « PLU » qui prévoit encore une fois d’importantes zones de développement, sans aucune modification ou amélioration des établissements publics, écoles, crèches, médiathèque, maison des jeunes, services de police municipale…

Le Blog. Pour finir, étant donné qu’une opposition est aujourd’hui en place au Conseil municipal, est-il toujours nécessaire d’adhérer à l’ADREP ?

Pierre F. Bien sûr, aujourd’hui plus que jamais. Les élus de l’opposition font un travail important. Un travail de garde-fou et d’informateur sur des dossiers et documents qui seraient restés cachés à la population s’ils n’avaient pas été là. Mais je pense qu’il est aussi du ressort des habitants et de notre association de relever les manches, pour défendre nos intérêts, défendre cette qualité de vie et cet environnement qui nous ont fait, pour certains, choisir ce village et qui permettent à d’autres de rester fiers d’y avoir vu le jour… Si la mairie faisait correctement son travail, en toute concertation et transparence, alors nous n’aurions aucune raison d’exister…

… L’ADREP ne s’oppose pas et ne souhaite pas s’opposer à un développement raisonné du village. Il est tout à fait légitime que Saint-Genis, tout comme les villages voisins, s’agrandisse au sein d’une Communauté de Communes qui prend de plus en plus d’importance…

… Nous serons toujours là pour que ce village qui fut un jour le « Carrefour des Albères », retrouve ses lettres de noblesse, sa qualité de vie, dans un environnement rural privilégié, fort de son identité catalane. Que l’on y soit né, ou que l’on ait choisi de l’adopter.

3 Thoughts to “Entretien avec Pierre Fontana”

  1. Il y a encore des hommes de bonne volonté. Chapeau Monsieur.

  2. Christian

    BRAVO!!
    « Il ne faut pas chanter victoire avant la bataille MAIS: La vérité finit toujours par se découvrr »

  3. Jean de la tour

    Je n’avais pas remarqué que l’adresse de l’ADREP était au 19 Chemin de la Scierie et je comprends mieux la relation entre cette association qui s’est opposée à des projets Lopéziens et l’état lamentable de la rue où elle habite. C’est clairement de la discrimination.
    Tout ce que j’espère, au vu du prochain PLU qui n’est que projet personnel, c’est que L’ADREP ne baisse pas les bras pour éviter que Saint Genis ne devienne qu’un village disloqué.

Comments are closed.