Un comportement du Conseil Municipal sourd à l’appel des personnes à mobilité réduite. Encore longtemps hors la loi ?

En séance du Conseil Municipal du 12 avril dernier, nous avons fait observer le peu d’écoute réservé aux personnes à mobilité réduite et l’absence d’investissements pour se mettre en règle des lois sur le handicap. Le maire a balayé d’un revers de mains la question évoquée, la première adjointe a mentionné un équipement aux écoles, un adjoint a balbutié une réponse ridicule, les autres conseillers de la majorité sont restés muets.

Christophe Riti, l’un de mes collègues du secteur accessibilité de l’APF France Handicap qui mène son combat en faveur du handicap a écrit un article que je soumets à la réflexion de notre pouvoir communal.

Extrait de l’article  » Je me sens condamné » paru dans le N° 170 du « Journal Catalan » (semaine du 4 au 17 mai 2019)

« Mesdames, Messieurs, je suis né voici 39 ans. La première image que l’on a, est celle d’un bébé criant dès sa naissance. En ce qui me concerne j’ai fait une frayeur à mes parents en m’abstenant de pleurer. Précisons que l’équipe médicale a tardé à arriver ; maman a commencé à me mettre au monde, seule. Mon entrée dans la vie a été un peu rude. J’ai subi une réanimation musclée, un séjour prolongé en couveuse…Mon carma se présentait mal et puis contre toute attente les médecins m’ont rendu à mes parents en affirmant qu’il n’y aurait aucune séquelle. Quel soulagement pour eux. Le répit a été de courte durée. A mon corps défendant, je me suis acharné à leur mener la vie dure. Pour le coup maintenant, je pleurais sans cesse, jour et nuit. De quoi leur faire regretter d’avoir eu un enfant.

Devant l’incompréhension de mon pédiatre qui affirmait envers et contre tout que tout allait pour le mieux, mes parents ont consulté un professeur dans un hôpital à Paris et là…cela a été pour eux un coup de massue sur la tête, il ne s’agissait plus d’un retard d’évolution mais bel et bien d’un handicap. Le tout dit sans aucun ménagement. Mon sort était scellé, je serai donc handicapé… « Etrangement », mes parents ont appris peu de temps après que l’hôpital où je suis né, a « malencontreusement égaré » mon dossier médical. Et la vie continue, non sans mal.

L’Education nationale ne voulait pas de moi, heureusement mes deux anges gardiens (mes parents) avaient déjà appris deux à trois choses. A savoir que rien ne serait simple et qu’il leur faudrait enfoncer des portes bien des fois ; le sens propre rattrapant quelques fois le sens figuré (30 ans après, un inspecteur d’académie du 89 doit s’en souvenir encore…). Rien ne les a arrêtés ; sans eux je ne serais pas maintenant où j’en suis maintenant ; ils peuvent être fiers du résultat. Aujourd’hui, malgré mes 80% d’invalidité, je suis diplômé d’un BTS informatique (Bac+2) et d’un Master de mécanique (Bac+5). Je vis seul, j’ai simplement une aide-ménagère deux heures par jour. Je pratique le sport : voile, surf, escalade, spéléo, saut en parachute…comme le commun des mortels ! Rien ne m’arrête…ou presque…Maintenant je suis autonome, mes parents m’ont transmis leur force de caractère indispensable pour continuer à avancer. Cependant le constat reste toujours le même : la société a oublié les personnes comme moi, se déplaçant en fauteuil roulant. Prendre le bus en bas de chez moi m’est impossible. Soyons clair, ce n’est pas mon handicap qui m’empêche de prendre le bus, une rampe suffirait ; c’est un problème purement matériel. Employons les mots justes, c’est de la discrimination.

/…

Mesdames, Messieurs, mon cas n’est pas isolé ! Je ne suis pas la seule personne en fauteuil roulant, en France, confrontée à cette problématique. J’ai la chance par cette lettre ouverte de pouvoir exposer simplement les faits ; toutes les personnes dans ma situation n’ont pas forcément la possibilité où l’énergie de rédiger un tel courrier, il ne faut pas les oublier pour autant. « Liberté, Egalité, Fraternité », devise de notre République ; nous ne demandons pas mieux.

Voilà, Monsieur le Maire, pourquoi vous me trouverez très appliqué pour que votre Conseil Municipal soit exemplaire en matière d’accessibilité des personnes à mobilité réduite et respecte les lois permettant l’amélioration de leur confort de vie.

Jacques PELET,
Conseiller Municipal, Bénévole à l’ APF (Association des Paralysés de France – France Handicap).

One Thought to “Un comportement du Conseil Municipal sourd à l’appel des personnes à mobilité réduite. Encore longtemps hors la loi ?”

  1. roselaine

    tous les citoyens sont concernés par l’espace ouvert aux personnes à mobilité réduite, mais aussi aux mères de famille avec leur poussette, ou les personnes agées. Alors non aux voitures en stationnement sur les trottoirs ou espaces réservés aux piétons

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