Notre histoire : le pont de Brouilla -suite

1 novembre 1871 une inondation importante provoque de nombreux dégâts aux ponts et aux routes du département. Alors que la population augmente régulièrement, le pont de Brouilla ne fait plus partie des priorités du conseil départemental, la nouvelle ligne de chemin de fer occupe maintenant tous les esprits.

Le siège de Paris par les Prussiens se poursuit, le 8 février 1871 une nouvelle assemblée nationale à majorité monarchique est élue. Le 17 février Adolphe Thiers ancien ministre de l’intérieur devient à 73 ans le chef de l’exécutif. Le 1 mars 1871 la France cède l’Alsace et la Moselle à l’Allemagne.

En mai 1873, Adolphe Thiers est renversé. Le Maréchal Mac Mahon ancien gouverneur général de l’Algérie est élu Président de la République. En fin d’année une réforme constitutionnelle porte à 7 ans la durée des mandats des Présidents Français.

Le 14 novembre de la même année, une forte crue de la Têt cause des avaries considérables au pont suspendu de Millas, dont le tablier se disloque. La circulation est interrompue sur la route départementale n°4. C’est le début d’un débat qui va opposer pendant de longs mois ceux qui souhaitent voir s’ériger des ponts suspendus à une voie, à ceux qui, malgré un prix beaucoup plus élevé, souhaitent que ce pont très fréquenté soit reconstruit à double voie. Un gros problème technique doit être réglé car à cet endroit, le vent soulève régulièrement et dangereusement le tablier.

Toulouse sous les eaux ! Le 23 juin 1875, une crue historique de la Garonne fait 208 morts. Plus de 1200 maisons sont détruites toute la France se mobilise pour aider les sinistrés qui ont tout perdu.

A la même période Le Tech emporte le chemin à la hauteur du gué à Brouilla et au lieu-dit Las Millière et une deuxième crue emporte à nouveau le chemin qui venait d’être rétabli. La rivière a formé une anse profonde. Les travaux de remise en état s’élèvent à 45 000 francs.

20 février et 5 mars 1876 élections législatives au suffrage universel masculin (les femmes obtiendront le droit de vote qu’à la création de la cinquième République).

Octobre 1876 de nouveau, les éléments se déchaînent sur le département ; l’école de Thuès est en partie détruite. Le pont sur la Têt à Eus est gravement endommagé les piles de 2 mètres d’épaisseur n’ont pas résisté aux coups de bélier des blocs charriés par la rivière.

Pendant toute l’année 1876 le pont de Brouilla va être au cœur des préoccupations du conseil départemental. Monsieur Pujol Maire d’Argelès sur Mer défend devant ses confrères le projet, mais les dégâts causés aux autres ponts du département en particulier ceux de Millas et d’Ille sont prioritaires, et absorbent la quasi-totalité des crédits disponibles de l’année. Sur la dotation exceptionnelle de l’état, d’octobre 1976, d’un montant de 70 000 francs le pont de Millas obtient à lui seul 48 400 francs.

Au début de l’année 1877 , Monsieur Toubert l’agent voyer en chef fait le constat suivant

« Nous ne devons pas nous dissimuler l’énormité de la dépense… La prise en considération de ce projet par le Conseil général, ne saurait entraîner pour le département l’obligation de l’exécuter à bref délai… Il ne paraît pas possible d’indiquer même approximativement l’époque à laquelle le département pourra consacrer 500 000 francs au pont de Brouilla »

Monsieur Escanyé député du département , rappelle dans la même séance :

« Il y a un grand nombre de communes reliées seulement par des sentiers. Le pont de Brouilla est une construction nécessaire mais non urgente, il est préférable de satisfaire les communes moins bien traitées »

En 1878 c’est le pont d’Elne qui obtient les crédits. Au village nos paysans doivent toujours fait un long détour pour rejoindre Perpignan, quand le gué de Brouilla n’est pas praticable. En une journée une charrette parcourt en moyenne entre 15 et 24 kilomètres au maximum 30 kilomètres (quand il n’a pas de bouchon et d’attente pour passer le pont), ainsi les 25 kilomètres qui séparent les deux ponts existants font perdre un temps précieux à tous nos cultivateurs.

Un peu d’espoir tout de même, la nouvelle route de Laroque est presque terminée la subvention de 11 000 francs allouée par le département va permettre la réalisation des derniers travaux pour l’entrée de ville.

1879 Le Sénat passe aux mains des Républicains, le 30 janvier Jules Grévy devient Président de la République, avocat de formation et ancien Président de la chambre des députés, il a 72 ans.
Début 1880, le projet du Pont de Brouilla est repoussé par la commission, cette fois pour des raisons techniques. La longueur de l’ouvrage n’est pas considérée comme suffisante, la demande est faite pour que l’étude porte sur la réalisation d’un pont d’une longueur de 150 m. Certains experts préconisent qu’une digue de 830 mètres, soit réalisée pour protéger l’ouvrage, la dépense supplémentaire étant estimée à 100 000 francs, ils s’opposent à leurs confrères préférant établir les piliers plus profondément grâce à la technique des fondations à air comprimé . Ce système certes plus coûteux éviterait la construction de la digue. Le projet est transmis et la réponse du ministère du 6 avril 1880 indique :

« Que l’on produise des projets comparatifs d’ouvrages à superstructure métallique… Comprenant la construction en amont, sur la rive droite, d’une digue insubmersible… La largueur entre les garde-corps sera telle qu’elle puisse fournir un passage pour une double voie charretière et deux trottoirs »

Depuis quelques années un ingénieur du nom de Gustave Eiffel utilise le fer pour réaliser ses ponts.. Au sein du conseil régional, on retrouve tout naturellement les modernes qui souhaitent voir se construire un pont métallique et les anciens fervents défenseurs de ponts en maçonnerie.

Août 1880 la commission demande de refaire le projet d’un pont en maçonnerie, et de dresser un projet comparatif de pont métallique .Fin 1880 un projet de pont à 7 arches en maçonnerie est présenté, mais aussi un croquis pour un pont à deux voies. L’ouvrage à une voie est estimé à 600 000 francs, celui à deux voies à 750 000 francs. La commission retient le projet à deux voies, Monsieur Ramon ingénieur civil et membre du conseil départemental demande que la commission prenne acte que la commission ne souhaite pas retenir le pont métallique trop cher. Enfin le député se rallie à notre cause et rappelle que ce pont une première fois étudié en 1872, n’a vu sa réalisation retardée que par le fait de la destruction des ponts de Millas et d’Ille.
Autre danse contemporaine à notre histoire, la mazurka, que nous allons découvrir sur une musique de Léo Delibes, extrait de Coppélia représenté pour la première fois à l’opéra de Paris le 25 mai 1870

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