Au pied des Pyrénées, les peuples qui luttent contre l’occupation maure sont à l’origine de l’identité catalane. Les Arabes débarquent en 711 au sud de l’Espagne. Profitant de dissensions au sein de la noblesse, ils progressent très rapidement sur l’ensemble du territoire.
En 718, ils sont à nos portes et ils occupent Sant Marti d’Empuries, puis remontant vers le nord, ils s’emparent de Narbonne. En 719, la ville utilisée pour débarquer troupes et vivres, devient la capitale de la Septimanie. Ysuf al Firhi gouverne la province, ses troupes conquièrent Agde, Béziers et Nîmes. Elles échoueront devant Toulouse, mais prendront Carcassonne en 725.
L’extension de l’Empire Carolingien fait reculer l’occupation arabe, ce qui ne les empêche pas de faire des incursions régulières dans les terres afin de se fournir en esclaves. Les troupes de Charlemagne repoussent les Maures et c’est le comte Emengol qui met les musulmans en fuite à Sant Marti d’Empuries. Il y établit une puissante garnison.
En 785, Gérone est à son tour libérée. En 798, c’est l’évêché d’Ausona qui est repris par Louis le Pieux quatrième fils de Charlemagne, à l’époque, roi d’Aquitaine. Puis ce sera au tour du comté de Conflent, rattaché à l’origine à l’évêché médiéval d’Elne, le comté d’Urgell confié au comte d’Osone Borrell, la cité de Berga et enfin, le Vallespir. Barcelone ne sera libérée qu’en 801 après plus d’un an de siège. Toute cette région va être appelée « la marche d’Espagne ». Barcelone en devient la capitale en 806.
Durant ces années, la région est le champs de bataille de deux peuples irréconciliables. Pendant que les Francs occupent une position, les alentours sont ravagés par les Sarrazins. Lorsque les Francs deviennent définitivement maîtres du terrain, le Roussillon n’est plus qu’un vaste désert. Les villages sont brûlés, les édifices religieux détruits, les ronces, les forêts, ont envahi les terres fertiles. Les canaux ne sont plus entretenus. Les habitants qui avaient survécu à la peste et aux combats sont trop peu nombreux pour entreprendre la remise en culture du territoire.
Les souverains propriétaires des terres reprises aux Sarrazins, conscients que les risques encourus font s’éloigner de la région les paysans et les hommes d’Église, seuls capables de défricher et de mettre en valeur les comtés, vont utiliser un système qui consiste à donner gratuitement des terres à tous ceux qui accepteront de prendre ce risque pour revivifier le territoire. Ce don enregistré par un acte officiel porte le nom d’aprision. Les terres situées dans les cantons les plus fertiles, représentent un attrait suffisant pour que des paysans, des nobles et des moines, reviennent sur le territoire.
Il faut tout reconstruire. En Roussillon, comme partout, nous retrouvons à la tête des plus hardis parmi les défricheurs, les moines bénédictins. En 817 sous le règne de Louis le Pieux, la règle de Saint Benoit établie au VI° siècle devient une obligation pour l’ensemble des Abbayes du royaume. La règle monastique régit la vie journalière du moine, celle de Saint Benoit bouscule les traditions, car elle exige en outre que ceux-ci se suffisent à eux-mêmes par leur travail. Dans les Abbayes Bénédictines, tous les corps de métier sont donc représentés : défricheurs, laboureurs, paysans, artisans, copistes. Leurs établissements, parfois une chapelle, une hôtellerie pour les voyageurs chez nous par exemple, à Saint-Martin-de-Mont-Fourcat (aujourd’hui, l’Albère) ou à Saint-Jean-Lasseille, sont le plus souvent d’immenses domaines, de véritables fermes-modèles. Il faut convenir que les abbayes d’Exalada, de Saint-Génis-des-Fontaines, d’Arles ont été d’un grand secours pour la mise en culture de la province.
Résultat de cette politique foncière : les propriétaires sont très nombreux, les parcelles peu étendues, l’unité de la division porte le nom de « manse, mansus ou mansum » qui donne en Catalan « mas », la manse prenait parfois le nom de « cabane ». Ce nom est utilisé par le notaire qui enregistre le 17 janvier 853 un don de sept manses fait par Charles le Chauve.
La superficie des terres est à cette époque évaluée d’après la durée du travail que ces terres nécessitent. On disait d’une vigne qu’elle était « de contenance de vingt journées de bêcher ». Le mode le plus ordinaire consistait à énoncer la quantité de semences nécessaire pour l’ensemencer. Chez nous, cette surface porte le nom de « l’ayminate » primitivement la mesure de terre pour l’ensemencement de laquelle il fallait une aymine de grain.
Le 29 janvier 1287, à Perpignan l’aymine vaut « 8 mesures, 4 cartons, 32 punyeres, 48 cosses »
Une ayminate correspondait à environ 59 ares 27.
Les propriétés passent de main en main, les nobles n’hésitant pas à offrir des terres et des dons en numéraires aux abbayes. « 11 juin 1142, Gaufred vicomte de Rocaberti renonce à l’usufruit qu’il tenait de son père en faveur de l’évêque d’Elne ». À cette époque donné des biens à l’Église est un gage apprécié auprès des juges des tribunaux de l’inquisition. Créés par le Pape Innocent III en 1199, modifiés par Grégoire IX en 1231, les tribunaux jugent un grand nombre d’infractions. Les amendes sont lourdes, la confiscation des terres et le bannissement sont couramment utilisés pour mettre au pas les nobles un peu trop indisciplinés.
Les barons querelleurs et pillards : Pons de Vernet, A de Mudahons, Bernard G de Claira qui sévissent sur la région seront jugés par le tribunal de l’inquisition.
Les ordres religieux sont à l’origine de la remise en culture de la quasi-totalité du Roussillon. Cela fait plus de deux siècles que les moines des diverses abbayes, inlassablement, défrichent, sèment, plantent. L’irrigation a été très tôt développée dans le département comme l’atteste un diplôme de 844 établis pour les Espagnols réfugiés, qui distingue les terres irriguées (régatius) et les fonds non arrosés (aspres).
Mais la plaine est parsemée d’étangs, de marécages insalubres qui propagent les fièvres. Ce sont les templiers qui vont entreprendre ce travail de dessèchement très coûteux. L’ordre dont la règle est rédigée en 1128, investit la région avec comme priorité de faire « une bonne affaire ». Les Templiers achètent un grand nombre d’étangs, par exemple : à Adélaïde de La Roque, la moitié de l’étang de Bages, à Bérenger de Bages sa part de l’étang de Bajoles, à Bernard de La Roque l’étang de Villemolaque et de Nyls à Guillaume de Montesquieu l’étang de Sabatelis. En peu de temps, les Templiers vont assécher la plupart des étangs autour de Perpignan. Les terres conquises sont mises en culture et accroissent leur richesse. À cette époque certains historiens évaluent à une somme comprise entre 50 et 200 millions de livres, l’entretien annuel de la milice, forte de 15 000 lances, 15 000 chevaliers, 50 000 hommes et de 30 000 à 40 000 chevaux (1). À Collioure l’actuel château construit entre 1242 et 1280 a été érigé à l’emplacement d’une maison templière.
(1) – Extraits du livre de Simon Jean, templiers des pays d’OC
À l’époque Médiévale les monastères transmettent la culture latine. Seul le clergé possède des bibliothèques, les moines savent donc lire. L’époque de Charlemagne voit la renaissance de l’étude du latin classique employé systématiquement à l’écrit. Toutefois, en 813 le Concile de Tours stipule que les sermons devront être prononcés en langue romane rustique. Celle-ci est issue en partie du latin vulgaire parlé dans la « Marche hispanique ». Le mélange du latin vulgaire et des dialectes locaux donne naissance au sud de la France, à l’Occitan et au Catalan.
Les premières traces écrites du catalan ont été retrouvées sur des fragments de versions du « Liber Ludiciorum » elles remontent au début du XIIe siècle. 21 versions du Catalan sont recensées. Le catalan utilisé comme langue officielle en Andorre, en Catalogne et aux îles Baléares.
Pour faire vivre la langue catalane, les professeurs d’Omnium Catalunya Nord, vous proposent de découvrir notre culture, notre histoire, en apprenant le Catalan. Une fois par semaine, vous pouvez les retrouver dans le village.
Je vous invite, en guise de conclusion, à découvrir cet hymne à la gloire des Templiers