Harcèlement entre élèves: briser la loi du silence

6 à 7% des élèves subissent des brimades répétées. Par honte ou par peur des représailles, ils se taisent, avec des conséquences potentiellement désastreuses pour leur santé. Face à ce fléau, le Ministère mobilise la communauté éducative pour repérer les situations de harcèlement et y mettre fin.

Qu’est-ce que le harcèlement ?

Eric Debarbieux Directeur de l’Observatoire international de la violence à l’école donne sa définition du fléau: (résumé):

Le harcèlement est une violence à long terme physique ou psychologique, perpétrée par un ou plusieurs agresseurs à l’encontre d’une victime qui est dans l’incapacité de se défendre. 6 à 7% des élèves sont harcelés à l’école primaire et au collège. (enquête en lycée en cours)

La tendance est trop souvent de minorer les micro-violences et de penser que les victimes n’ont qu’à s’endurcir.

  • Impact sur la scolarité : décrochage scolaire, absentéisme. Environ 1 élève absentéiste sur 5 ne vient plus à l’école par peur du harcèlement.
  • Impact sur la santé mentale : anxiété et dépression, perte de l’estime de soi, malaises physiologiques et psychosomatiques, suicides.
  • Les harceleurs ne sont pas gagnants : la grande majorité d’entre eux vivront des difficultés dans l’emploi, dans leur couple et 40 % connaîtront des problèmes sérieux avec la loi.
  • Conclusion : la violence c’est perdant-perdant. Lutter contre le harcèlement à l’école est une priorité éducative dans un pays qui a fait sienne la valeur de la fraternité .

Que faire face à une situation de harcèlement ?

L’objectif de la campagne nationale est bien de mettre fin au harcèlement . Nicole Catheline, Docteur en pédopsychiatrie, a dirigé la rédaction d’un guide à l’usage des parents et des enseignants (http://www.agircontreleharcelementalecole.gouv.fr//wp-content/uploads/2013/11/campagne agir contre le harcelement guide pratiquel le harcelement entre eleves1.pdf) . L’ouvrage explique en détail les façons de reconnaître , prévenir et traiter ce phénomène. Une lecture indispensable!

  • Reconnaître le harcèlement : c’est l’affaire de tous « Quand un enseignant voit passer 100 élèves par semaine, il lui est difficile de repérer automatiquement un souffre-douleur, qui du fait de sa situation va en plus tenter de dissimuler son mal » .  Dans l’approche préconisée par Nicole Catheline, le repérage des élèves harcelés n’incombe pas aux seuls enseignants. Le devoir d’ingérence s’applique à l’ensemble de la communauté adulte, y compris les chauffeurs de cars, personnels de cantine et surveillants. Les élèves témoins de harcèlement ont une grande responsabilité. Nicole Catheline souligne leur rôle essentiel dans le déroulement des faits : « En ne dénonçant pas ce qui se déroule sous leurs yeux, ils valident le processus du côté harceleur qui se sent conforté. Le harcèlement ne se maintient que parce que les pairs l’encouragent ou feignent de l’ignorer, soulagés de ne pas être à la place de la victime ». Comme le stipule Eric Debarbieux, « un enfant qui parle du harcèlement que subit un autre enfant n’est pas « une balance », c’est un individu qui exerce son devoir de protection envers les autres .
  • Le signes de reconnaissance du harcèlement :

Tous les élèves ne sont pas égaux face au risque de harcèlement. Les élèves différents (par la taille, le physique, l’origine culturelle, le niveau scolaire…) constituent des cibles privilégiées.

D’une façon générale, tout changement brutal de comportement doit éveiller l’attention.

Au primaire, le harcèlement engendre des troubles du sommeil, de l’irritabilité, de la susceptibilité, des maux de ventre… Ces symptômes sont à manier avec précaution : d’autres causes peuvent les déclencher :  (maltraitance, violences sexuelles, séparation des parents mal vécue …) Mais quoi qu’il en soit, le harcèlement est une hypothèse à prendre en compte.

Chez l’adolescent, le harcèlement se traduit par des réflexes de protection. La victime évite la confrontation avec ses oppresseurs : elle arrive en retard, sèche les cours, s’isole pendant les récréations…

Face à ses agresseurs, le harcelé devient agressif. Pour Nicole Catheline, c’est un moment-clé. Aux yeux des témoins de la scène, la victime accède à un statut trouble. Et si elle n’était « pas si innocente que ça ? ». Cette injustice déclenche un sentiment d’abandon et de désespoir, de l’anxiété, la chute des résultats scolaires…Si la situation perdure, la dépression et la tentative de suicide sont les étapes suivantes.

Le fait de venir armé peut constituer un signe de harcèlement : l’élève est prêt à tout pour se défendre.

Face à ces symptômes, la seule réponse valable est une discussion croisée entre adultes : il faut investiguer la situation, confronter les points de vue.

  • Vous ne savez que faire ? 

Un numéro vert national a été mis à la disposition des victimes : 0 808 807 010 ( gratuit  depuis un téléphone fixe ou portable du lundi au vendredi de 9 h à 18 h (hors jours fériés – fermé du 15 juillet au 17 août et du 23 décembre au 6 janvier).