Coronavirus : vers un port généralisé du masque ?

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Alors que le gouvernement n’a cessé de répéter que les masques n’avaient aucune utilité pour les individus non-porteurs de la maladie, le discours est en train d’évoluer.

Volte face sur les masques. Après avoir martelé que les masques étaient inutiles contre le coronavirus quand on n’est pas malade, le discours officiel a changé dans plusieurs pays cette semaine.

La volte-face la plus spectaculaire est venue des États-Unis vendredi 3 avril : le président Donald Trump a annoncé que les autorités sanitaires conseillaient désormais aux Américains de se couvrir le visage lorsqu’ils sortent de chez eux. «Il y a une vraie inflexion aux États-Unis et l’OMS est en train de réviser ses recommandations», a déclaré à l’AFP le Pr KK Cheng, spécialiste de santé publique à l’université de Birmingham (Angleterre), favorable au port généralisé du masque.

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Depuis le début de l’épidémie, l’OMS (Organisation mondiale de la santé) et de nombreux gouvernements répètent que les masques doivent être uniquement utilisés par les soignants, les malades et leur entourage proche, en disant s’appuyer sur des données scientifiques.

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Mais pour les promoteurs du port généralisé du masque, ce discours était avant tout destiné à éviter que le grand public se rue sur ceux réservés aux soignants (les masques chirurgicaux et les FFP2, plus protecteurs) et aggrave une pénurie déjà existante.

Pénurie de masques: les raisons du scandale
Malgré les promesses répétées de l’exécutif, sur le terrain, les équipements n’arrivent qu’au compte-gouttes. Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi cette pénurie perdure.

L’hypothèse «aérosols»
Parmi les raisons de l’évolution du discours sur les masques, l’émergence d’une hypothèse. Le coronavirus pourrait se transmettre via l’air expiré (les «aérosols» dans le jargon scientifique). On suspecte que «le virus puisse se transmettre quand les gens ne font que parler, plutôt que seulement lorsqu’ils éternuent ou toussent», a déclaré vendredi sur Fox News le très respecté spécialiste américain Anthony Fauci, conseiller de Donald Trump.

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S’il était confirmé, ce mode de transmission expliquerait la haute contagiosité du virus, également transmis par des patients sans symptômes. C’est en intégrant cette éventualité que les autorités sanitaires américaines ont recommandé le port du masque, plus pour éviter de contaminer ses proches que pour se protéger soi-même, selon les scientifiques.

Auparavant, New York avait déjà franchi le pas: le maire Bill de Blasio a demandé jeudi aux habitants de se couvrir le visage lorsqu’ils sortent. «Ca peut être une écharpe, quelque chose que vous avez fabriqué, un bandana», a-t-il affirmé.

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Car pour éviter la ruée sur les masques médicaux, ce sont les masques faits maison ou fabriqués par l’industrie textile qui sont mis en avant dans le monde entier.

En Allemagne, l’Institut Robert-Koch, l’établissement de référence en santé publique, a encouragé vendredi les citoyens à porter en public des masques faits maison. Il n’y a «pas encore de preuve scientifique» qu’ils limitent la propagation du virus, mais cela «semble plausible», a estimé son président Lothar Wieler. Un avis partagé en France par l’Académie de médecine: elle a jugé vendredi qu’un masque «grand public» devrait être rendu obligatoire pour les sorties pendant et après le confinement.

La France s’aligne

Le gouvernement français lui-même a infléchi sa position en annonçant la fabrication de masques «alternatifs», autres que médicaux. «Nous encourageons le grand public, s’il le souhaite, à porter (…) ces masques alternatifs qui sont en cours de production», a affirmé vendredi 3 avril le numéro 2 du ministère de la Santé, le Pr Jérôme Salomon.

Contrairement aux assertions gouvernementales des premières semaines, l’Académie de médecine a estimé vendredi que porter un masque «grand public» ou «alternatif» aux masques médicaux devrait être rendu obligatoire pour les sorties pendant la période de confinement et lors de sa levée.

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