Après le bilan de notre maire paru dans l’indépendant qui fit beaucoup parler de lui dans notre village, de part ses actions controversées ou ses projets aussi pharaoniques que mégalomanes, nous nous sommes dis que l’opinion et l’analyse sur ce mandat des conseillers de la très active opposition de Saint-Genis des Fontaines, était peut être souhaitable.
Voici donc l’entretien passé avec les élus de l’opposition.
SAINTGENISINFO – En 2014, pour la première fois siegeait une opposition au conseil municipal. Est-ce que cette élection due au nouveau mode de scrutin a été bénéfique pour Saint Genis ?
Laurent COUNORD – Qu’on le veuille ou non, nous avons été une force d’opposition et de propositions en dérangeant maintes fois les curieuses habitudes de notre maire. Il nous a bien sur fallut user d’astuces et d’ingéniosité pour faire entendre nos doléances et faire accepter nos idées. Nous connaissons tous le caractère de notre maire (rires)… Nous pouvons nous féliciter de la mise en place de la mutuelle communale, qui n’est d’ailleurs pas encore aussi efficace que nous le souhaiterions. Nous nous sommes battus pour le déplacement des antennes de téléphonie, en rejoignant l’ADREP qui en est l’instigateur. Et nous continuerons à nous battre pour proposer encore une fois une navette gratuite pour notre commune. Ce n’est pas du tout une idée idiote comme le prétendait l’équipe en place. Nous ne sommes pas plus idiots que nos amis de Sorède qui l’on, eux, mis en place. Et cela fonctionne. Nous pouvons donc répondre : oui, le nouveau mode de scrutin et l’élection d’un groupe d’opposition a été bénéfique pour notre commune.
SGI – Quatre ans après votre élection, que pensez-vous donc de la situation de notre commune ?
Jacques PELET – Il est toujours difficile de constater qu’un patrimoine comme le nôtre n’est pas exploité à sa juste valeur. Dans notre cas, rien n’a vraiment bougé depuis 2006, date du décès de Michel Berdaguer remplacé par la force des choses par Raymond Lopez. Avec un linteau âgé bientôt de 1000 ans, des bâtiments aussi vieux que peu entretenus, une histoire aussi riche culturellement qu’elle pourrait l’être financièrement, et pas une place de bus pour un village qui ne demande qu’à être l’incontournable des Albères, nous ne pouvons bien entendu pas nous réjouir de notre situation. Il est par contre indéniable que le changement de mode de scrutin et l’arrivée d’un groupe d’opposition a permis de mettre un frein à une gestion plus orientée vers des intérêts personnels que collectifs.
SGI – Vous ne mettez pas Mme Gardez dans votre groupe, pourquoi ?
Laurent COUNORD – Nous savons tous comment se sont déroulées les dernières élections municipales. Nicole Gardez Espinet a choisi de prendre un autre chemin, cela a été son choix. Et d’en connaître les raisons ne m’importe peu, ou plus. Je n’ai pas envie de revenir dessus et je pense que pour l’intérêt de tous, nous devons regarder uniquement devant nous. Je ne souhaite pas à notre village dix autres années de clanisme ni de guérilla entre castes. Il y a aujourd’hui une équipe municipale en place et face à elle, deux groupes distincts d’opposition. Ils sont parfois en accord, mais pas toujours. L’important est de savoir ce que veulent les Saint-Genisiens. De savoir où allons-nous et si cela se fait dans le respect des lois et de tout un chacun. Il y a un moment pour tout. Pour mouiller le maillot, quitte à donner des coups et accepter d’en prendre. Quand le match est fini, il faut panser ses plaies, reprendre des forces, penser à soi, à sa famille, à sa santé.
SGI – Le Maire avance souvent que l’opposition ne souhaite pas travailler avec l’équipe en place. Que répondez-vous à cela ?
Sylvia MION – Dès le début de notre élection, nous avons fait part au maire et à sa première adjointe de notre volonté de participer aux commissions municipales afin de proposer nos idées. Ils nous l’ont interdit. Et pour ne pas devoir nous y intégrer d’office comme le veut la législation, ils ont purement et simplement supprimé toutes les commissions non obligatoires. Les deux seules obligatoires, nous y sommes inscrits, mais le maire nous a toujours dit que nous n’y serons jamais les bienvenus. Nous n’avons donc jamais pu participer à la commission d’appels d’offres des marchés de travaux ni à celle d’ouverture des plis. Curieuse manière de nous tendre la main.
SGI – Est-ce à ce moment que vous avez commencé à avoir des suspicions sur la gestion municipale ?
Laurent COUNORD – Non, c’est malheureusement bien plus vieux, mais dès 2014, alors que nous accédions normalement à la totalité des dossiers de la mairie, l’équipe municipale a volontairement cherché à dissimuler des informations aux conseillers de l’opposition fraîchement élus. Pourquoi ? Je pense que l’avenir nous le dira. Cela nous a bien entendu mis la puce à l’oreille, confortant toutes les suspicions que pouvaient avoir d’anciens élus qui avaient déjà côtoyé notre maire, comme son ancienne première adjointe, Francoise Pelet-Fouché. Nous avons dès lors voulu en savoir plus.
SGI – Vous dites que l’équipe municipale a cherché à dissimuler des informations. Pourquoi l’équipe ?
Jacques PELET – Lorsque notre groupe a montré du doigt comme vous le savez d’étranges erreurs dans les marchés de travaux, nous avons demandé au conseil de nous autoriser à contrôler ces allégations. Pour tout vous dire, nous n’avons pas de suite suspecté un détournement d’argent public. C’était simple, rapide de prouver le contraire… mais les élus du groupe majoritaire ont tous refusé, en bloc ! Conseillers, adjoints tout comme le maire qui s’empressa de crier au scandale. Si cela n’avait été qu’une simple erreur, pourquoi avoir refusé ? Nous aurions pu clore le dossier en faisant restituer aux contribuables du village les 150 000 euros trop versés à l’entreprise qui a exécuté les travaux.
SGI – Qu’en est-il alors de ces conseillers qui ont voté contre votre demande ?
Laurent COUNORD – Depuis 2015 tous les élus, conseillers y compris, sont responsables de leurs actes, de leurs prises de décisions. Il est trop facile de lever une main en l’air simplement parce que le maire vous le demande. Que ce soit pour les marchés de travaux ou pour d’autres décisions, votes… De nouvelles actions sont aujourd’hui menées par les élus de l’opposition, mais aussi par des associations du village qui en ont assez, afin que tous puissent répondre de leurs actes. Ce n’est un secret pour personne.
SGI – J’imagine que l’ambiance s’en trouve aujourd’hui très perturbée, alors que vous ne souhaitiez qu’une simple information ?
Jacques PELET – Oui et c’est d’autant plus étrange qu’ils refusent depuis, systématiquement, de nous fournir les documents nécessaires au bon déroulement des conseils et à nos rôles d’élus. Nous sommes contraints de passer par la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA) pour pouvoir consulter ces documents. Cette commission créée pour assurer la bonne application du droit d’accès oblige le maire à nous les fournir, mais c’est une grosse perte de temps. Ils vont même jusqu’à nous dissimuler les réunions organisées sur les grands chantiers de notre commune. Une bien curieuse façon de vouloir travailler avec l’opposition sans respect du droit et des personnes.
SGI – La première adjointe n’est-elle pas plus conciliante ?
Annick GAYTON – Elle reste égale à elle-même, en évitant de faire trop de bruit. Elle répond toujours très poliment : oui. Mais nous ne voyons jamais rien venir, comme à son habitude. Elle avait insisté sur le fait que nos suspicions étaient graves, qu’elle contrôlerait nos informations et qu’elle répondrait à nos questions. C’était en 2015 ! Mais qu’est-ce que vous voulez ? C’est notre première adjointe ! Et puis n’oublions pas, elle est ordonnatrice tout budget. Si le maire est pour nous responsable de bien des choses, elle l’est tout autant. Il ne faudra pas l’oublier.
SGI – Justement, vous nous parlez de suspicions, Le Maire, lui, dit que vous lui avez fait un procès et que vous avez perdu. Qu’en est-il exactement ?
Jacques PELET – Le Tribunal Administratif nous a déboutés sur notre première demande expliquant qu’il n’était pas apte à répondre à un dossier relatif au pénal. Pas parce qu’il nous a donné tort. Nous avons été plus loin, au procureur de la République avec une enquête en bonne et due forme. Ce dernier n’a pas voulu poursuivre, comme c’est le droit du procureur qui ne rend pas la justice, mais décide de poursuivre ou pas en fonction des instructions et directives de sa hiérarchie. Pour exemple, une Saint-Genisienne vient de gagner un procès en prouvant que le témoignage du maire et de l’une de ses conseillères était faux. Pourtant, à la suite de ce procès, la nouvelle plainte qui s’en est suivi pour « faux témoignage » contre ces deux élus a été déclarée « sans suite ». Mais il y a toujours d’autres possibilités, d’autres chemins à prendre auprès du Tribunal de Grande Instance et de ses Juges d’Instruction.
SGI – Cela veut-il dire que ce n’est pas encore fini et qu’il y a des choses en cours ?
Jacques PELET – Nous ne pouvons pas répondre à cette question.
SGI – Il y a aujourd’hui plusieurs sons de cloches concernant le centre médical. Que pouvez-vous nous en dire ? Ne pensez-vous pas qu’un tel investissement pourrait être réalisé par la communauté de communes, comme à Cerbère ?
Sylvia MION – Il est vrai que la communauté de communes a financé le centre médical de Cerbère, mais nous sommes à Saint Genis, avec une gendarmerie intercommunale financée avec nos deniers, sans médiathèque, car cela coûte trop cher, et un projet de nouvelle mairie et de terrain de tennis couvert ! Pour le centre médical, le maire à d’abord parlé de la cave Pous, puis du terrain Roland, maintenant il affirme à tort que ce sera entre la ZAC et sa distillerie. Sûrement un vieux rêve. Nul doute que tous ces professionnels du milieu médical comprendront aisément que dès lors que nous montons dans une voiture pour rejoindre un lieu, tous les autres dans un périmètre raisonnable deviennent concurrentiels. Il y a d’autres solutions, mais le maire n’a jamais voulu les entendre. Et l’on notera la volonté de cette équipe de subvenir aux besoins des plus âgés en leur demandant maintenant de trouver un chauffeur.
SGI – Le maire dit à qui veut l’entendre que les caisses de la commune sont pleines. Pourquoi nos rues et nos trottoirs sont-ils alors dans cet état, lamentable?
Sylvia MION – Parce qu’il prévoit, de son propre chef et sans l’avis du conseil municipal, une mairie toute neuve à 1.600.000 €, des tennis couverts à 900.000 € et une nouvelle centralité. Il n’y aura plus d’argent pour les routes, encore moins pour les écoles, la culture et le patrimoine. D’ailleurs, il a dit lors d’un conseil, et vous pouvez écouter l’enregistrement : « vous pouvez me croire, à la fin de mon mandat il n’y en aura plus beaucoup de l’argent dans les caisses ! » Qu’est-ce que cela veut il bien dire pour vous ?
Laurent COUNORD – Si je peux me permettre, le maire a su trouver le chemin de la poche des Saint Genisiens quand il a fallu refaire une route appartenant à une autre commune, à nos frais ! Pour quelle raison ? Pour faire plaisir à l’une de ses conseillère !
SGI – À propos de la future Mairie, la nouvelle centralité et les terrains de tennis couverts, avez-vous vu des plans ou une maquette ?
Annick GAYTON – Une maquette, des plans ! la plupart des conseillers du maire ne les ont jamais eus sous les yeux, alors vous parlez de l’opposition !
SGI – Mr Lobjoit, vous n’avez pas été souvent présent pour les conseils municipaux. Pensez-vous que cela a été préjudiciable pour l’opposition ?
Claude LOBJOIT – Il est vrai que pour des raisons personnelles, notamment de santé, je n’ai pas pu assister régulièrement aux conseils municipaux, mais notre équipe reste solidaire et j’ai toujours continué à travailler avec mes collègues et amis, que ce soit par mail, par téléphone ou même sur les réunions que nous organisons régulièrement.
Laurent COUNORD – les aptitudes, les compétences et les conseils de Claude ont toujours été d’une grande aide. Il aurait été idiot de notre part de nous en priver. Alors nous nous sommes adaptés.
SGI – Pour revenir sur les terrains de tennis, ne trouvez-vous pas que ce serait une bonne chose ? Un commentaire reçu sur le blog affirmait que l’opposition ne souhaitait pas le développement du sport.
Annick GAYTON – C‘est aussi absurde que d’affirmer que nous sommes à l’origine du trou de la couche d’ozone ou de l’assassinat de Kennedy (rires…) Nous pensons simplement qu’il est moins important dans notre région de couvrir nos terrains de tennis que de donner un préau à l’école ou un chauffage en bon état de marche. Même s’il ne pleut pas souvent et que nos hivers sont plus courts qu’ailleurs. Oui, les terrains sont vieux et demandent à être rénovés, refaits, avec plus d’espace, dans une zone peut-être plus accessible, mais gardons la tête sur les épaules. D’ailleurs c’est aussi l’avis de la plupart des joueurs. Si vous dites à laurent Counord, éducateur sportif durant plus de vingt ans que nous ne souhaitons pas le développement du sport à Saint Genis, vous n’allez pas vous en faire un ami. (rires…)
SGI – Même chose pour la pétanque ?
Sylvia MION – Non, la pétanque est une institution dans notre village comme tous les villages catalans. La délocaliser du centre est une autre absurdité. Il suffit de leur trouver plus de place pour pouvoir organiser correctement les concours de grandes ampleurs
SGI – Beaucoup de candidats aux élections de 2020 se sont déjà déclarés. Qu’en est-il pour vous ?
Claude LOBJOIT – Il faut savoir raison garder. Si je peux me rendre utile, proposer mes compétences et soutenir la relève qui se préoccupe bien plus de l’avenir de notre village que beaucoup d’autres avant eux, alors je le ferai. Pour le reste…
Laurent COUNORD – Beaucoup de candidats sont alors bien pressés de reprendre leur carrière politique. Pour ma part, ma famille, mes enfants et aider à subvenir à nos besoins est aujourd’hui ce qui me préoccupe le plus. L’opposition était présente en 2008, puis en 2014, vous pouvez bien vous douter qu’elle le sera en 2020, derrière son candidat. Ils sont plusieurs à pouvoir remplir ce rôle. Et puis, nous ne nous arrêtons pas sur le fait de savoir qui portera les espoirs d’une partie de la population dans deux ans, mais bien à ce qu’il se fait ou ne se fait pas aujourd’hui pour notre village. C’est toujours une question de priorité.
SGI – Toujours sans étiquette ?
Laurent COUNORD – Quand je me suis porté candidat, en 2014, une personne que je respecte même si nous sommes souvent en désaccord m’a répété que ce n’était pas possible d’être apolitique. Qu’une liste sans étiquette avait tout de même une couleur dominante. Je lui ai simplement répondu qu’il était inconcevable pour moi, sur un village où il y a encore quelques années tout le monde se saluait de la main, de devoir se passer de bonnes idées, de bonnes consciences, altruistes, bienveillantes désireuses de partager ou de mettre la main à la pâte pour le bien commun sous prétexte qu’elles ne sont pas du même bord politique. Je le pensais sincèrement à l’époque. Je le pense encore. Mais la question ne se pose pas, aujourd’hui.